samedi 24 février 2007

La France a-t-elle des raisons d’avoir peur ?

La France, je ne sais pas, mais beaucoup de français ont peur et certains ont perdu tout espoir !

Au début de ces quelques lignes que j’aurais tant aimé n’avoir jamais envie d’écrire, ma pensée va à ces hommes et ces femmes qui, un jour, ont perdu pied et ont préféré nous quitter. En espérant qu’ils aient retrouvé toute la sérénité perdue. Je le leur souhaite.

Ces hommes, ces femmes ont probablement, un jour, passé un point de non retour.
Ils n’ont pas trouvé dans leur environnement l’accompagnement nécessaire qui leur aurait permis de surmonter l’épreuve.

Les raisons sont multiples, complémentaires, et s’additionnent.

Les français sont champions de la consommation d’anxiolytiques et autres antidépresseurs.
L’absentéisme est un mal bien français.
Les français sont pessimistes.

Voilà ce qu’on entend régulièrement.

En face les politiques nous répondent ‘budget’ ou affichent une ‘compassion’ qu’ils pensent de bon aloi. Les syndicats invoquent la pression et la dictature des cadences infernales. Les Psychiatres et autres ‘Psy-’ essaient de guérir sans trop s’impliquer dans l’état de fait et du pourquoi.

Et pourtant ce ‘mal - être’ est bien réel.

Et il se matérialise dans tout type d’entreprises et/ou dans tous les milieux.
C’est à mes yeux le risque de santé publique N°1 loin devant tous les autres.
« Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés … » (J de La Fontaine)

Mais la réponse ne peut être technologique d’où la difficulté d’appréhension du problème et la quasi impossibilité d’y répondre par une ‘politique’ concrète.

Et pourtant si on regarde autour de nous on peut noter des situations fort différentes.

- Pourquoi l’américain moyen ne doute t’il jamais ?
- Comment se fait’ il que le japonais, absent de chez lui près de 300 jours par an ne se plaigne jamais ?

Pourquoi pas nous ?

- Fille ainée de l’Eglise,
- Défenseurs des Droits de l’Homme et de la Laïcité,
- Patrie de Jules Ferry,
- Patrie de Montaigne, Descartes, Lafontaine, Rousseau, et bien d’autres,
- Fomenteurs de la révolution de 1789,
- Champions du monde dans de multiples disciplines sportives, et économiques,
- Champions de la gastronomie et du bien vivre,
- Le plus beau pays du monde !

Malgré ce, certains français souffrent, ont peur :

- de la perte de nos valeurs communes et ancestrales, de nos racines,
- de l’absence de grand dessein noble et qui mérite de se dépasser,
- de l’assistanat permanent en lieu et place d’un bon coup de semonce,
- des principes de précaution liberticides,
- de notre cocon fait de confort virtuel,
- de trop d’Etat !

L’intervention de l’état dans la sphère privée est une vraie calamité !
La volonté de légiférer sur tout et n’importe quoi nous amène droit dans le mur.

C’est la fin du libre arbitre, la fin de la responsabilité individuelle, la fin de la fierté d’être, la fin de la satisfaction de faire partie d’un tout, la fin du choix du devenir.

Et dans la vie professionnelle, tout le monde se trouve entre le marteau et l’enclume : les objectifs et le chômage. Car la société est bloquée, il n’y a plus de ‘mou’, tout est rigide, tout est codifié.

Les 35H sont loin d’avoir amélioré le processus (il a bien fallu s’organiser pour faire en 35H, payées 39, ce que l’on faisait en 39H), pas plus que les préretraites (qui ont provoqué des pertes de mémoires, de savoir, et de sagesse), ni les formules variées de contrat de travail (discriminantes par définition).

Le citoyen ne s’exprime plus :

- de peur de l’échec,
- de peur du licenciement,
- de peur d’être taxé de harcèlement,
- de peur de l’avis de l’autre,
- de peur de ne pas être dans la légalité !

Tous nos rapports à l’autre sont codifiés !

Et il arrive un moment où, un citoyen convaincu de son bon droit, ou du moins de ce que le droit se devrait d’aller dans le sens souhaité, sûr d’être dans le vrai, même si ce n’est pas le cas aux yeux du législateur et/ou des bienpensants, il se rebelle, il se bat, il s’éreinte, il ne trouve pas la réponse qu’il serait en droit d’attendre, il se fatigue, il perd pied … il s’en va !

Et l’autre continue! Certains très affectés, d’autres moins.

Il faut comprendre ce mal-être latent !
Il faut l’adresser.
Il faut le guérir.

Il en va de la santé de nos enfants.

Il y a 40 à 50 ans la ‘cloche’ était un mode de vie ‘choisi’ dans une majorité de cas, aujourd’hui de nombreux SDF sont des salariés.

Un couple de jeunes adultes au travail, de nos jours, n’est pas sûr de boucler les fins de mois ni de pouvoir se loger sans faire appel à sa famille.

Nous ne savons plus enseigner les fondements du savoir à tout un chacun.

Et pourtant nous sommes l’un des pays les plus riches du monde.

Il faut libérer les Français et les laisser adresser leur vie à leur manière, en toute liberté, en toute responsabilité, avec le respect d’autrui.
Il faut encenser les créateurs de richesses, les moteurs de progrès social, ceux qui font bénéficier la communauté de leur performance.
Il faut limiter l’intervention de l’Etat au règlement des litiges et l’interdire au niveau du quotidien de tout un chacun.
Il faut aider ceux qui le nécessitent et le méritent.
Il faut accompagner ceux qui ne sont pas tout à fait à la bonne place.
Il faut revenir au bon sens et au pragmatisme.

Il faut donner sa chance à chacun.
Il faut le droit à l’erreur.

Ma dernière pensée ira à tous les chefs d’entreprise qui ont eu à faire face à de telles situations dramatiques au sein de leur entreprise. Je sais combien c’est douloureux, je connais les insomnies consécutives, je comprends leurs doutes ; ils doivent continuer à écouter, à chercher à comprendre, à expliquer, à soulager, à aider, à récompenser et à sanctionner s’il le faut. C’est l’équilibre qui est facteur de santé. Et ils doivent accepter de ne pas pouvoir prendre à leur charge la totalité des misères individuelles. La vie de personne n’est simple, et la leur moins que celle des autres.

Aucun commentaire: