lundi 5 novembre 2007

'LAIT' Dindons de la Farce?! Plus qu'un malaise!



C'est sur une pleine page dans nos quotidiens que "Les Produits Laitiers", ou CNIEL (voir définition en fin de post), expriment leur colère: "Nous ne serons pas les dindons de la farce".

Qu'ils se rassurent, j'ai lu, relu, leur prose, et ce jusqu'à plus soif!

Comme nous tous, je suis très intéressé à tout ce qui touche au pouvoir d'achat de chacun.

Mais impossible de ne pas ressentir plus qu'un malaise à cette lecture, ..., que l'on se mette à la place du consommateur ou que l'on adopte le point de vue du producteur de lait.

- Premier malaise:

Le CNIEL parle au nom des producteurs (éleveurs de bétail produisant du lait), ET AUSSI des transformateurs (industriels produisant des articles de consommation à base de lait). Même si le CNIEL est une structure unitaire, j'aimerais être sûr que ces deux familles vont profiter équitablement de la remontée des cours du lait.

- Deuxième malaise:

Quand je lis:"Actuellement, la demande est nettement supérieure à l'offre. Donc le prix du lait augmente.", je ne peux m'empêcher de penser à la contre-proposition: "L'offre est supérieure à la demande. Donc les prix baissent.", et alors quoi?! Que proposerait alors le CNIEL aux producteurs? Alors même que les transformateurs eux n'ont aucun problème pour maintenir leurs marges! Leur prix de revient varie, leur prix de vente aussi, leur seul souci étant d'adapter leur offre à la demande, et leurs marges restent intactes.

- Troisième malaise:

"Or certains distributeurs brandissent la menace de refuser aux industriels la hausse de tarifs des produits laitiers. Ce faisant, ils refusent aux producteurs de lait français le simple maintien de leur pouvoir d’achat."

Double malaise!

Malaise déjà signalé par rapport à la seule augmentation des prix des produits manufacturés.
Et malaise par rapport au terrible aveu: "... le simple maintien du pouvoir d’achat" des producteurs. CQFD: si les prix à la production avaient augmenté de façon significative, comme on veut nous le faire croire, alors on devrait retrouver une augmentation du pouvoir d'achat chez les producteurs!

- Dernier malaise:

"On vous ment."

Malaise, gros malaise, car je doute que les transformateurs du lait soient eux-mêmes prêts à s'engager à limiter leur propre hausse de prix à celle du prix à la production du lait dans leur prix de revient!

Au total, je crains fort que les producteurs de lait soient une fois encore "les dindons de la farce" au même titre que tous leurs confréres producteurs agricoles ou viticulteurs.

Est'il souhaitable pour autant de légiférer en la matière?
Je ne le crois, je ne le souhaite pas!

Mais néanmoins il serait temps de se pencher sur une équation de base fondamentale: toute personne produisant un travail quantifiable devrait, à tout le moins, en tirer profit, lequel profit devrait être équitable quel que soit le travail fourni.

Et corollaire indispensable: nul ne devrait pouvoir s'enrichir sur le dos de producteurs efficients à qui le marché refuse les moyens de s'en sortir à leur seul niveau de commercialisation.

Quand le déséquilibre devient trop flagrant, alors oui, il faut peut-être légiférer pour protéger certaines productions indispensables à la nation.

On peut rêver!


CNIEL : Créé en 1973, le CNIEL, Centre National Interprofessionnel de l'Economie Laitière est l'organe représentatif des éleveurs laitiers (Fédération Nationale des Producteurs de Lait) et des industries de transformation laitière de statut coopératif (Fédération Nationale des Coopératives Laitières) ou privé (Fédération Nationale de l'Industrie Laitière).

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