dimanche 25 mars 2007

JL Borloo : L'Architecte et l'Horloger ... Commentaires

J’ai lu le livre de JL Borloo.
J’ai eu l’occasion d’en dire ce que j’en pensais dans un premier post qui se voulait une critique personnelle globale.(Voir http://eric-m-ump.blogspot.com/2007/03/jl-borloo-larchitecte-et-lhorloger.html#links )

Voici quelques commentaires plus proches du livre.

1) D’abord un coup de griffe :« Nous avions sûrement, l’une des meilleures écoles du monde, fille ainée de la République, exemplaire car laïque, performante et gratuite, … . » (p.16)

On ne sait si c’est la France ou l’Ecole dont veut nous parler Borloo.Néanmoins en France, quand on fait référence à « la fille ainée de … », c’est unanimement à l’EGLISE que tout un chacun pense. Et cette filiation remonte à la conversion de Clovis.

Cela m’a dérangé, car en cette période anniversaire du Traité de Rome, cela me rappelle que la Constitution Européenne qui nous a été représentée avait gommé volontairement toute référence cultuelle au passé de l’Europe. Et j’ai toujours pensé que c’était une erreur.On ne peut pas bâtir en faisant table rase du passé. De la même façon que la « repentance » généralisée ne change rien à l’Histoire. Laquelle Histoire n’en retiendra probablement pas grand-chose de significatif.

Pour faire justice à JL Borloo, j’ai trouvé une autre référence à la « fille ainée de la République » sous la plume de Daniel Bermond , Journaliste à Lire :« Longtemps, à chaque 14 juillet (fête nationale) que Dieu faisait, la France, traditionnellement « fille aînée de l’Eglise », s’est souvenue qu’elle était aussi fille aînée de la République. »
A propos de : Monument érigé à la mémoire de la France, inventaire des lieux où elle s’est électivement incarnée, les Lieux de mémoire, l’ouvrage collectif réalisé entre 1984 et 1993 sous la direction de Pierre Nora. [1] par une centaine de spécialistes français parmi les plus éminents, viennent d’être réédités chez Gallimard.

2) Quelques diagnostics fort justes :

- « Nous n’avons voulu remettre en cause ni notre processus de qualification d’une classe d’âge, ni notre organisation pour la gestion des ressources humaines et l’adaptation de l’offre et de la demande de travail, … . Nous avons refusé de voir que nous traversions une crise du recrutement. » (P.22)

- « Nous sommes en Europe le pays qui taxe le plus l’emploi. » (P.23)

- « La marche à franchir pour sortir du RMI ou de l’ASS est trop élevée … . » (P.30)

- « Plusieurs millions de personne … ne maîtrisent pas l’un des six savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter, Internet, les règles administratives, une langue étrangère. » (P.43)

- « … le logement constitue bien un enjeu capital pour notre pays. » (P.58)

- « … taux de recrutement des apprentis à 6% … » (P.42)

- « … mettre fin à l’inflation des garanties et au régime de la caution … . » pour le logement.
(P.61)

3) Quelques solutions auxquelles je n’adhère pas du tout (euphémisme).

- Si diminuer les charges de 20% est une bonne idée (10% au profit du salarié et 10% au profit de l’entreprise, P.23), limiter cette proposition aux PME et aux passages de CDD en CDI ne me convient pas. Une fois de plus on va créer un effet de seuil, comme seuls les français savent le faire ; et coté contrat de travail, la France a besoin de ‘nettoyer’ son code du travail mais certainement pas de nier des évidences comme le besoin de pouvoir faire appel à du travail partiel et limité dans le temps. Il faut fluidifier, ‘flexifier’ le travail et ses conditions sociales.

- « Le contrat de transition professionnelle. » (P.27)

Ce devrait être la norme, mais cela ne sera possible qu’à partir du moment où on aura mis en place les savoirs fondamentaux pour 100% de nos concitoyens, avant c’est une utopie.

- « Un ‘Small Business Act’ à la française. » (P.37)

La seule chose dont les PME ont besoin pour se développer c’est d’un environnement gratifiant la réussite, autorisant l’échec, et surtout de libertés d’entreprendre. Qu’on les laisse faire leur métier !Il faut supprimer les effets de seuil et réserver la redistribution des richesses créées aux seules sorties en capital. Une PME en croissance devrait être ‘protégée’ ! Aujourd’hui à chaque étape franchie, dans la vie d’une PME, correspond une nouvelle obligation fiscale et/ou sociale qui change significativement son équation économique et bilancielle. A chaque étape son coup de massue en lieu et place des encouragements ! C’est ça la vérité.

- « Objectif 100% de qualifiés » (P.38)

C’est incroyable comme nos politiques ne peuvent aller à l’essentiel : 100% des savoirs fondamentaux acquis pour toute classe d’âge ! Et on en est tellement loin. On fait semblant de ne pas se rappeler les dégâts causés par un tonitruant : « 80% d’une classe d’âge au baccalauréat ».


- « … organiser … une école du savoir pour tous … hors des périodes et des horaires scolaires … . » (P.43)

Si je ne m‘abuse cela revient à accepter la faillite du primaire dans notre pays ! Les instits apprécieront. Et s’il s’agit de pallier les carences du passé, pourquoi pas, mais le préalable est de faire en sorte, en priorité, qu’aucun nouvel enfant rentrant dans le système puisse en sortir sans ces savoirs fondamentaux ! Ce me semble. Quand on a du retard, il est de bon ton, au moins dans le monde professionnel privé, de ne plus en prendre de nouveau (retard) et de tâcher de rattraper ensuite le retard accumulé.

- « Mettre fin à l’inégalité … » (P.48 et un peu partout dans le livre.)

La République se doit de transmettre les savoirs fondamentaux et d’assurer le bon fonctionnement de l’ascenseur social. Tout le reste est utopique et nie les réalités de la vie et de l’homme en général. C’est en voulant légiférer sur tout, le plus souvent pour des besoins politiciens ou électoralistes, que l’on arrive aux excès de notre fiscalité aux objectifs illisibles et de notre droit social inapplicable.

Je terminerais par une ‘vision’, probablement juste, de JL Borloo mais qui mériterait à elle toute seule un livre entier : « la révolution quaternaire ». (P.36)

Sur l’air de la révolution tertiaire ayant fait suite à la révolution industrielle.

Oui le monde est en marche vers de nouvelles conditions de réalisation personnelle et envers autrui. Oui il faut s’en préoccuper et inscrire notre pays dans ce mouvement. Et pour y arriver il faut commencer par boucher les nombreuses carences.

Merci pour votre attention.

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